MON NOM EST TSOTSI****

OSCAR DU MEILLEUR FILM ETRANGER 2006

Un film d'une beauté stupéfiante(Gavin HOOD réussit même à sublimer les bidonvilles. Ce qui est tout de même très fort). Trop peut-être. Car tout comme COLLISION(récompensé lors de la même soirée aux oscars), ce film atteint par une sorte de grâce artistique, peut être accusé de jouer abusivement avec les sentiments des spectateurs. Pour faire passer un peu n'importe quoi.

Ce film sud-africain est bouleversant, il réussit à nous toucher au plus profond de nous-même. Jusqu'à bien-sûr remettre en doute nos certitudes. Ce qui constitue à la fois la magie et le danger du cinéma.

En effet, comment ne pas être touché par cette histoire de "petit criminel" sur le chemin de la rédemption ?

MON NOM EST TSOTSI est l'histoire de jeunes assassins, voleurs et misérables prêts à tout pour avoir un peu d'argent. Le mal en ébullition. Mais tout change, le jour où TSOTSI, leur chef trouve un bébé à l'arrière d'une voiture qu'il vient de voler. A partir de ce moment-là, TSOTSI devient humain, bon et généreux. Et si ce changement ultra-rapide, semble tout de même trop précipité(il y manques quelques précisions convaincantes). Il faut reconnaître qu'émotionnellement ce film atteint un degré d'intensité extraordinaire à la scène finale(dans le genre, il y a celle de PANIC ROOM, qui n'est pas mal du tout).

Bien-sûr, il est encore question de rédemption et de pardon(sans toutefois nous l'imposer). Mais n'empêche, ce film ne généralise pas le phénomène(et c'est tout à son honneur), puisque TSOTSI tuera l'un de ses compagnons, qui semble totalement incurable et être le mal en personne(le pire, c'est qu'en cherchant bien, l'on risque de trouver des gens qui l'appréciaient et qui font ou veulent faire pareil que lui).

La pauvreté, la misère et la notion de bandes font que ces jeunes se sont laissés entraînés et mal conditionnés dès leur plus jeune âge. Etant persuadés que c'était la seule manière de survivre. Et c'est bien triste. Quels gâchis !

Il y a parmi eux, vraisemblablement des êtres récupérables qui peuvent changer . Mais pas tous ! C'est l'une des leçons du film.

Loin d'excuser leurs actes et leurs crimes. L'on arrive(en voyant ce film en tout cas) à avoir de la compassion. Et bien-sûr, l'on a envie(un cours instant ?) que TSOTSI soit grâcié. La puissance, l'émotion et la bonté qu'il dégage sont vraiment convaincants. Cependant, l'on peut tout de même changer d'avis, ou plus et mieux réfléchir après le film. Ce qui prouve que le cinéma exerce un pouvoir(qui pourraît servir on ne sait quelle sorte d'intelligence)quasi-hypnotique sur les êtres. Mais il est quand même fort à parier que si l'on assistait réellement aux scènes, l'on serait touché et en proie au doute.

Néanmoins, l'on regrettera d'avoir vu trop de scènes importantes dans la bande-annonce. L'effet de surprise étant au début du film inexistant. Et même si cette rédemption commence assez rapidement, il y a tout de même un certain temps d'attente avant de découvrir ce que l'on ne nous a pas dévoilé. Et puis, il est à mon avis dangereusement optimiste de faire croire que des bandes criminelles organisées pourraient avoir du respect pour les bébés. L'on en voit même certains être choqués d'apprendre que l'un d'entre eux a enlevé un bébé, alors qu'ils commettent les pires crimes. Des scènes inutiles et maladroites.

TSOTSI a eu l'oscar du meilleur film étranger. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est amplement mérité. Même si JOYEUX-NOEL et VA, VIS ET DEVIENS* sont vraiment de très beaux films.

* Je n'ai malheureusement pas vu ce film au moment de sa sortie cinématographique. Je l'ai vu récemment en DVD COLLECTOR. Si je l'avais vu à ce moment. Je l'aurais mis vraisemblablement 1er dans mon classement 2005. Même si j'estime que la fin peut prêter à confusion. La mère crie pratiquement comme un loup au moment où elle revoit son fils. Or l'on pense immédiatement au loup qui dévore les agneaux, ou à celui qu'on laisse rentrer dans la bergerie faire des dégâts. Même si je n'éprouve pas spécialement d'antipathie pour cet animal. J'estime que c'est une manière de faire croire que les faux juifs éthiopiens, voire tous types d'immigrés peuvent être des loups.